ÉDITO DU N°37

Révélée par les mouvements féministes récents, la violence sexuelle est devenue le grand sujet d’actualité. C’est aux Etats-Unis que cela a commencé, dans le milieu du cinéma, pour très vite gagner la planète entière via Internet, avec les slogans MeToo, Balance Ton Porc… Les plaintes évoquent parfois des faits très anciens. Cette dénonciation féminine de « l’abus » dont les femmes ne parlaient pas jusque-là, ne fait-elle pas signe de l’effondrement du règne du père, révélant le « troumatisme » du sexuel pour les êtres parlants ?

« Le rapport des deux sexes entre eux va devenir de plus en plus impossible »[1] dit Jacques-Alain Miller, soulignant comment l’axiome produit par Lacan de l’inexistence du rapport sexuel est aujourd’hui devenu une évidence, « à mesure que les signifiants maîtres n’arrivent plus à le faire exister »[2].

Dans son argument pour les J50, Caroline Leduc souligne ainsi comment « le trait-d’union phallique, jadis opératoire entre les sexes semble brisé et le phallus faire monstre »[3]. En perdant sa fonction symbolique, comme signifiant du désir, index du manque-à-être pour les deux sexes, le phallus a pris « couleur de l’abus », celle d’une jouissance synonyme de menace et d’agression.

Un nouveau monde surgit de la chute du père et de ce vacillement des semblants, celui de la montée généralisée de la jouissance de l’Un qui se passe de l’Autre.

Aussi, à l’heure de cette mise à nu du réel de la jouissance que l’Autre recouvrait, « où se situe vraiment ce qui fait attentat ? »[4] interroge Laurent Dupont dans son argument de préparation aux J50.

C’est un des enjeux des prochaines journées de l’École de la Cause Freudienne avec le choix de ce titre freudien : s’enseigner de la parole analysante pour dire l’actualité de « l’attentat sexuel » au XXIème siècle et quelles solutions trouvent à s’inventer, sous transfert, au cas par cas.

Dans ce numéro, Édition Spéciale J50, vous lirez des contributions de membres de l’ECF dans la région et de membres de l’ACF, ainsi que l’appel à la constitution de cartels fulgurants.

Autrement dit, les J50 existent déjà, ainsi que Laurent Dupont l’indiquait dans sa lettre du 26 avril : « Certes, les Journées sont une fête de la psychanalyse qui réunit des milliers de personnes au Palais des congrès Porte Maillot, mais elles sont surtout tout ce travail réalisé en amont pour chacun qui s’y colle » [5].

Bonne lecture.

Références

Références
1 Miller J.-A., « Une fantaisie » Mental n° 15, p. 19.
2 Ibid., p. 18.
3 Leduc C., Arguments des J50, PART. 4 : https://www.attentatsexuel.com/les-quatre-arguments/
4 Dupont L., Arguments des J50, PART. 1 : https://www.attentatsexuel.com/les-quatre-arguments/
5 Dupont L., ECF Messager, Lettre du 26 avril 2020 à relire sur https://www.causefreudienne.net/wp-content/uploads/2017/12/Lettre-LD-2604-Lancement-Attentat-Sexuel.pdf

Valentine Dechambre

Psychanalyste, membre de l'ECF, déléguée régionale de l'ACF MC