Le 27 Novembre 2020 était la rentrée des cartels


Lecture et étude des textes fondamentaux de la psychanalyse 1 : Lire en cartel 

Du fait de la pandémie du Covid-19 et son traitement par le confinement qui sont venus bouleverser nos vies, je me suis résolue à ce que cette soirée puisse avoir lieu par visioconférence. « Faute de grives, on mange des merles » dit le proverbe. Aussi cette année, la rentrée des cartels s’est-elle tenue tardivement, le 27 novembre dernier. 

Une soixantaine de personnes se sont retrouvées pour cette rentrée des cartels qui a ouvert la série de rencontres des cartels au sein de l’ACF MC pour l’année à venir. Dans cette soirée où les corps étaient réduits à l’image et à la voix, la vivacité et le tranchant des propos n’ont pas pour autant été entravés. Elle a été consacrée à la question de la lecture et de l’étude des concepts fondamentaux de la psychanalyse, reprise de l’orientation donnée par l’École via sa commission des cartels ; chacune des rencontres mettant le focus sur un point particulier de cette question. 

La première sous le titre : « Lecture et étude des textes fondamentaux de la psychanalyse 1 : Lire en cartel » s’est déroulée autour de ce questionnement : qu’est-ce que la lecture des textes fondamentaux de la psychanalyse et ses effets dans le dispositif du cartel ? Quel rapport à la lecture offre-t-il à chaque-un qui s’y engage ? Comment rendre compte de ce que les cartellisants s’accordent à dire au un par un de la lecture en cartel si particulière et propre à chacun d’eux ? Se placer sous l’égide du signifiant cartel engendre-t-il un désir d’expérimenter une lecture différente des concepts forgés par Freud, Lacan, Jacques-Alain Miller et quelques autres ?

Afin de dérouler ces questions, la parole a été donnée à quatre cartellisants pour que chacun présente son produit de cartel et à trois plus-un pour que chacun commente sous la forme scansions, une phrase extraite du texte de l’intervention de J.-A. Miller : «Cinq variations sur le thème de “l’élaboration provoquée”[1] ». Ce texte a servi de point d’appui à la préparation et à la tenue de la soirée. Au début de son intervention, J.-A. Miller indique que l’expression : « l’élaboration provoquée », forgée par Pierre Théves à partir d’un texte de Lacan, est ce qui revient au plus-un de cartel c’est-à-dire « de faire mouche ».

Cela s’est entendu dans la prise de parole des cartellisants qui travaillent dans un des cartels de la dizaine qui se sont déclarés dans la région. Leurs travaux traversent des moments fondamentaux de l’enseignement de Jacques Lacan, de son retour à Freud dans la période dite du Lacan classique, du symbolique, du signifiant et du désir à son tout dernier enseignement qui met en exergue le non-rapport, le Un tout seul, la jouissance, « L’Autre qui n’existe pas ».

Sous le titre Du signifiant au signe, Marie-Josèphe Page a démontré comment le cartel lui a permis la lecture du Séminaire Encore de Lacan à partir de deux citations dans laquelle l’énonciation prend le pas sur l’énoncé.

Denis Rebière a proposé par sa production, une lecture de la situation sanitaire et de son traitement sous le titre S (A) barré à l’heure de la Covid-19. Son intervention est issue d’un cartel fulgurant décidé pendant la pandémie et de ce fait, tenu en visioconférence, afin de garder le cap du désir.

Dans son premier cartel, sous le titre, L’inquiétante étrangeté, Virginie Marcel dévoile le cheminement de sa lecture singulière en ricochet, d’un texte de J.-A. Miller au Séminaire L’angoisse de Lacan puis à « L’inquiétante étrangeté » de Freud.

Nicole Oudjane, Un cartel au temps de la distanciation sociale fait l’éloge du cartel qui peut traverser les époques et ses vicissitudes. De l’Autre du langage à l’Autre qui n’existe pas de lalangue, le cartel, ce lien social inédit voué à l’étude permet de donner un coup d’arrêt à l’errance.

L’énonciation de chacun(e) de ces « travailleurs décidés » portait le savoir engrangé par leur propre lecture, autorisée par le dispositif du cartel. Cette citation de Jacques Lacan extraite de son intervention aux Journées des cartels de l’École freudienne de Paris vient ponctuer et ouvrir à la prochaine rencontre des cartels en mars : « L’anonymat qui préside à la communauté religieuse est quelque chose qui doit déjà vous faire pressentir que dans ce petit nombre, il y a un lien avec le fait que chacun porte, dans ce petit groupe, son nom. [2]»

Claudine Valette-Damase, déléguée aux cartels.

Références

Références
1 Miller J.-A., « Cinq variations sur le thème de l’élaboration provoquée », Intervention à l’École, soirée des cartels du 11 décembre 1986, site de l’ECF.
2 Lacan J., Journées des cartels de l’École freudienne de Paris. Maison de la chimie, Paris, Lettre de l’École freudienne, 1976, n° 18, pp. 263-270.

Claudine Valette-Damase

Psychanalyste, membre de l'ECF, déléguée aux cartels pour l'ACF en Massif Central.