Écho d’une rencontre avec la voix de Mitra Kadivar

Extrait de l’affiche du film Mitra de Jorge León, 2018.

Genèse d’une œuvre

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À Clermont-Ferrand, le 5 novembre 2022 s’est déroulée la projection de MITRA, œuvre artistique inclassable, documentaire et opéra, classique et contemporain, de Jorge León.

À l’initiative de Valentine Dechambre, l’Association de la Cause freudienne en Massif central, en partenariat avec le Festival Musiques Démesurées, a organisé ce moment en deux temps : la projection de MITRA dans une version scénique inédite durant laquelle l’interprète lyrique Claren McFadden a chanté une aria live, et une conversation avec J. León, C. McFadden et Gerd Van Lloy, directeur de l’ensemble musical ICTUS, dont les performances scandent MITRA.

La conversation était animée par V. Dechambre et Luc Garcia, psychanalystes, membres de l’École de la Cause freudienne.

Le réalisateur a déplié la genèse de sa composition musicale. Il est revenu sur ce moment où lui est parvenu un « livret », par les voies d’internet et de Lacan Quotidien, en février 2013. Ce livret était le recueil des textes de la correspondance entre Mitra Kadivar, psychanalyste iranienne, membre de l’ECF et Jacques-Alain Miller. Celui-ci répondait à son SOS et tentait de la faire sortir de l’hôpital psychiatrique de Téhéran.

À la lecture des mails, J. León fut saisi par la puissance de la voix de Mitra et chercha à « l’amplifier », à la faire entendre par la voie artistique. Comme une fulgurance « désirante et mystérieuse », il décida de transformer ce livret en une œuvre d’art pour « faire entendre ce que chante le réel ». Il choisit de créer un opéra, « forme d’expression qui va au plus près de la vérité émotionnelle des êtres » et un arc fut tendu entre le silence imposé et le cri de Mitra.

MITRA devint cette œuvre musicale unique, série de variations sur la voix ; SA voix et SES mots chantés, ceux de ses élèves, ceux de J.-A. Miller, ceux de chanteurs mais aussi de patients psychiatriques dont les prises de parole résonnent encore pour chacun présent ce jour.

Christel Astier