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Une accélération fulgurante.

Tout a commencé le 24 mars par une édition spéciale de Lacan Quotidien titrée « En tous genres ^[1]» où Jacques-Alain Miller annonçait s’être longuement entretenu avec Éric Marty, à propos de son livre tout juste paru Le sexe des modernes. ^[2]

Ce livre, qui se présente comme une déconstruction méthodique de « la théorie du genre » de Judith Butler, J.-A. Miller en rend compte comme d’une « épopée conceptuelle haletante », et fait le pari que cette œuvre « restera mémorable ». Il fait cet aveu à l’auteur : « Votre livre me manquait, je m’en aperçois depuis qu’il est paru. Sans le savoir, je l’espérais (…) ». La lecture de ce livre l’amène à dire combien « « la théorie du genre » n’est pas un complot, ce n’est pas une imposture, elle dit quelque chose de très profond sur notre actualité, modernité ou postmodernité ^[3]».

L’entretien paraîtra le 29 mars dans un article titré : « Butler dans le Champ freudien ^[4]».

Puis le 26 avril, nouveau numéro exceptionnel de Lacan Quotidien, titré « 2021 Année Trans » avec un long texte de J.-A. Miller, « Docile au trans ^[5]».

Celui-ci prend immédiatement valeur d’acte dans notre communauté analytique mondiale, celui d’une interprétation fulgurante du moment présent, de ce processus à l’œuvre des idéologies du genre dans les discours, et comment celles-ci attaquent les fondements même de la découverte freudienne sur la sexualité.

Il y a urgence d’un réveil des psychanalystes qui doivent se tenir à la hauteur de ce nouvel enjeu de civilisation.

Avec son titre « Docile au Trans », J.-A. Miller se met du côté de celui qui jette le trouble dans la théorie du genre, parce que le Trans, lui, croit à la différence sexuelle contrairement au « gender ». Il en appelle au désir de l’analyste, celui de Freud quand il décida de se faire « docile à l’hystérique » : « J’aimerais, nous dit-il, pouvoir féliciter le praticien d’aujourd’hui d’avoir su se faire « docile au trans. » Est-ce le cas ? ^[6]»

Mais au-delà de notre communauté analytique, c’est à l’opinion éclairée que J.-A. Miller s’adresse, qui doit être avertie de « l’étonnant bricolage théorique en équilibre instable, où le paralogisme le dispute à la songerie ^[7]», au fondement de l’idéologie du genre, ainsi que le démontre É. Marty dans son livre. 

Cet acte de J.-A. Miller met notre communauté de travail au défi de ce rendez-vous de politique lacanienne, quatre ans après sa conférence du 13 mai 2017 à Madrid, où, il faisait ce pari : « (…) nous faire présents, non seulement dans la clinique, dans la psychologie individuelle, comme le dit Freud, mais aussi dans la psychologie individuelle en tant que collective, c’est-à-dire dans le champ politique. Non pas comme un parti politique, mais en tant que psychanalystes pouvant apporter quelque chose à l’humanité en ce moment de la ou des civilisations ^[8]».

Le 1er mai, nouvel évènement. J.-A. Miller publie une lettre sur son blog, « Lettre du premier mai 2021 aux composants du mouvement lacanien international dans sa diversité », dans laquelle il fait part de sa décision de publier l’ensemble de l’œuvre de Lacan, lettres, papiers et manuscrits, que lui a confiée Lacan, « afin que l’ensemble soit porté à la connaissance du public par la voie d’une transcription et d’une publication exhaustives ^[9]».

J.-A. Miller s’adresse à « tous ceux qui creusent leur sillon dans la voie tracée par l’enseignement de Jacques Lacan » et fait le pari d’une puissante mobilisation pour la mise en œuvre de ce projet. Le cartel sera l’organe de base pour l’exécution de ce travail, « de la manière dont Lacan l’avait prévu en 1964 que fonctionnerait son école, l’École freudienne de Paris ».

Message reçu ! Les réponses fusent de toute part dans le Champ freudien, les Écoles de l’AMP et au-delà même de notre communauté de travail, témoignant de « ce foudroyant et impérieux transfert de travail ^[10]».

Dans un tweet, J.-A. Miller écrit : « Ma lettre du 1er mai a provoqué une déferlante de mails, déclarations d’enthousiasme, « joie, joie, joie, pleurs de joie », déclarations de cartels formés dans la hâte, déclarations d’intention de plusieurs désirant entrer dans le projet ^[11]».

J.-A. Miller lance ainsi à travers les manuscrits inédits de Lacan, qui seront traduits en cinq langues, un magnifique chantier de construction de cartel en mouvement !

J’ai mis aussitôt au courant J.-A. Miller que l’ACF en MC était au rendez-vous de cette importante mobilisation, avec une réunion qui se tenait le 5 mai ^[12] sur l’actualité OAL ^[13] et Trans. Sa réponse fut witzienne, joyeuse, dans le style de ses très nombreux tweets, de son Blog, mais aussi dans son entretien et article dans Lacan Quotidien, ou encore lors de son intervention en visioconférence à l’ELP, un style qui dénote de la prose infiniment triste et ennuyeuse des idéologies actuelles.

Nous ne sommes qu’au tout début de cette ère nouvelle, de l’ouverture de ces grands chantiers où se joue l’avenir même de la psychanalyse.

L’autre actualité brûlante qui nous mobilise, c’est le Forum organisé par l’ECF en direct sur LWT le 27 mai : Psychologues, arrêtons l’arrêté, afin de contrer la disparition programmée des pratiques de la parole par leur subordination au champ médical et aux recommandations de l’HAS au profit du seul référent neuro-comportemental.

À suivre…

Valentine Dechambre

Déléguée régionale

ACF en Massif Central