Délégation Brive-Limoges-Tulle – écho de la ciné-discussion « Sur l’Adamant »

affiche du film Sur l'Adamant (2023)

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« Comment fait-on institution aujourd’hui ? » est la question qui oriente les rendez-vous proposés cette année par la délégation Brive-Limoges-Tulle de l’Association de la Cause freudienne en Massif central.

Une ciné-discussion a eu lieu lundi 5 juin 2023 au cinéma de Tulle, autour du film Sur L’Adamant de Nicolas Philibert.

Deux invités ; Zoubida Hammoudi, éducatrice spécialisée au Centre Thérapeutique et de Recherche de Nonette, et Christian Fontvieille, médecin psychiatre à la clinique de l’Auzon dans le Puy-de-Dôme. Ils ont échangé avec le public après la projection du film.

Ce documentaire prend l’allure d’un document, d’une œuvre artistique qui témoigne d’instants de vie, du temps qui s’écoule dans l’institution « L’Adamant » : un centre de jour psychiatrique, à Paris, sur les eaux de la Seine, mais pas sans amarres.

La parole est donnée aux sujets accueillis. On entend des associations d’idées, une souffrance, ainsi que des trouvailles singulières qui soutiennent dans l’existence.

Patients et soignants participent « aux petites besognes » : la comptabilité du café-snack, faire des confitures, arroser les fleurs… Des détails, des petites choses qui nous renvoient à une éthique, celle du respect de l’humain en chacun.

Dans une époque où les institutions tendent à s’uniformiser, celle de « L’Adamant » surprend par l’inventivité du quotidien. C’est un lieu d’accueil où une rigueur dans l’organisation se devine et où « une place est gardée vide [1]»  pour l’inattendu. Par exemple, une scène est discutée : une soignante repère la présence d’un patient derrière le bar et avec finesse, lui propose de faire le service. Le désir du sujet est repéré.

Par l’esthétique du film, le travail de réalisation – jeux de lumière, plans sur le ruissellement de l’eau et par l’architecture de la péniche – l’institution est rendue belle. On pourrait se risquer à croire en une institution idéale.

Dans la discussion, Christian Fontvieille souligne qu’en ce lieu, nous avons à faire à la maladie psychiatrique, au particulier de chaque patient mais aussi de chaque soignant. Chacun y va avec des empêchements qui lui sont propres. On ne voit pas tout, il y a sans doute des moments difficiles. Ce n’est jamais acquis.

Zoubida Hammoudi rappelle qu’une résistance se trame au un par un, mais pas tout seul.

Il est question du désir de chaque professionnel mis en acte dans une institution.

Références

Références
1 Laurent É., « Institution du fantasme, fantasmes de l’institution. », Feuillets du Courtil, no 4, avril 1992, p. 16.

Lia Gameiro