À la question « qu’est-ce qu’une épidémie ? », Lacan répondait : « C’est quand quelque chose est pris comme une simple émergence, alors que c’est en fait une rupture radicale. »
Covid-19. Le signifiant est froid, il a claqué comme une détonation, déchirant l’azur rêvé des beaux jours. Il renvoie chacun à l’attaque première, la rencontre avec un réel devant lequel le sujet s’est trouvé, l’espace d’un éclair, sans recours, sans l’aide d’aucun Autre. Une analyse permet de serrer ce temps de perplexité du côté de l’évènement de corps. Elle le dénude comme l’impact premier dont est tissée lalangue de chacun, tapi sous l’élucubration qui lui a donné sens de délire.
Ce qui se dit dans bien des rêves depuis le début de la pandémie porte la marque de l’effraction de jouissance dans le corps et la tentative de restaurer un abri fantasmatique à l’un-tout-seul. Le confinement comme solution sanitaire trouve sa lecture freudienne dans cet effort de guérison symptomatique du parlêtre par le refoulement et le fantasme.
L’effort de poésie est aussi au rendez-vous comme savoir-faire avec le réel, ainsi qu’en témoigne l’exceptionnelle effervescence d’initiatives artistiques on line, improvisées dans le moment.
À la suite du précédent Courrier : Édition Spéciale – Au temps du confinement, ce numéro présente une nouvelle série de contributions, qui portent sur ce temps 1 qui a fait rupture dans le cours de nos existences. Chaque auteur y présente l’accroche singulière trouvée dans le discours analytique pour répondre à ce moment inédit.
Après l’attaque vient le temps de la mobilisation. C’est l’appel lancé par le Président de l’ECF, Laurent Dupont, présenté dans ce numéro : « Rêvons un peu».
Ce temps venu est celui de l’étude, d’en retrouver le goût auquel le confinement ne saurait porter atteinte durablement, ceci alors même que la rencontre, les réunions et les rassemblements en présence ne sont pas possibles, probablement pour quelques temps encore.
Pour le séminaire d’étude de l’ACF MC, nous avions fait le choix du thème du Congrès : Le rêve, son interprétation et son usage dans la cure analytique. Avec son responsable, Jean-Robert Rabanel, nous invitons notre communauté de travail dans la région à reprendre le fil du séminaire, par la lecture des textes fondamentaux de Freud et Lacan sur ce thème du rêve, ainsi que les textes d’orientation du Congrès accessibles sur le site du Congrès et les travaux publiés dans les différentes revues de l’ECF et de l’AMP.
Dans un numéro à paraître très prochainement, le Courrier publiera une première contribution au thème, la magnifique conférence donnée par Valeria Sommer-Dupont le 15 février dernier qui ouvrait le séminaire.
Les différentes interventions qui avaient été programmées au séminaire en mars et avril seront publiées tour à tour dans des numéros à venir.
J’invite ceux qui le souhaitent à rejoindre cette mobilisation par l’étude en produisant de petits textes susceptibles de trouver une place dans un prochain numéro du Courrier : Spécial Rêve.
Ceci le temps de pouvoir se réunir à nouveau… temps rêvé d’un au-delà du confinement qui nous soutient dès aujourd’hui comme cet horizon rieur d’un lien social recommencé dans le rapport de chacun à la Cause analytique.
Je remercie vivement Christel Astier et sa formidable équipe, Michèle Bardelli et Marie-Anne Falcon, qui ont assuré l’édition impeccable de ce numéro du Courrier, dans un temps de fabrication record afin de se tenir au plus près de l’actualité éditoriale.