Qu’est-ce qu’un ciné-rencontre ? C’est d’abord une rencontre avec un film et son réalisateur. C’est aussi la présence de spectateurs.
Au Rio il y a eu rencontre, il n’y avait qu’à tendre l’oreille à la sortie pour en mesurer les effets. Antoine Dubos, avec Exils Adolescents, nous livre un film tout en délicatesse.
Si pour lui, la première adresse des jeunes mineurs isolés est la caméra, c’est qu’il a le désir que quelque chose se transmette. La pudeur de son énonciation fait mouche. Il pose un voile sur un réel qui autorise le bien dire chez chacun des jeunes.
Yakouba, Fanny, Benthini prennent la parole, au plus près de ce qui les anime comme corps parlant. La vie surgit, le rire aussi car en ne montrant pas tout, en ne dénonçant pas, Antoine Dubos fait le pari que quelque chose d’inédit puisse se dire.
Comme spectateur on apprivoise alors la langue de l’Autre, sa tonalité et on se laisse surprendre tant par le cinéaste que par chacun des jeunes. L’exil concerne chacun d’entre nous, et c’est sur ce point que le film d’Antoine Dubos est remarquable.
Si l’exil revêt parfois une dimension insupportable, le réalisateur en se faisant l’adresse d’une parole nous offre la possibilité de saisir en quoi, ne pas se défiler face au réel est éthique. Cela laisse une chance pour celui qui parle, de s’orienter à partir d’une rencontre pour faire résonner autrement sa prise dans la langue.