Ce 10 juin 2022, à Montluçon, Jacqueline Dhéret était bien là. Elle était très attendue.
C’est pour une conversation à l’appel du Laboratoire « Tokonoma » du Centre Interdisciplinaire sur l’Enfant (CIEN) de Montluçon, qu’elle avait, avec joie et un désir décidé, parcouru le chemin depuis Lyon où elle travaille. Elle est psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse.
Le public présent a rapidement saisi qu’elle ne venait pas faire une conférence, ni un enseignement à partir d’un savoir universitaire, livrant des recettes pour bien s’y prendre avec les enfants et leurs partenaires. La finesse de son expérience a rendu évident le nécessaire pas de côté que permet la psychanalyse en proposant, avec le CIEN, des rencontres interprofessionnelles pour ne pas reculer devant les impasses du travail en institution et leur orientation le plus souvent loin de la psychanalyse. Puis, ne pas reculer non plus devant les difficultés rencontrées avec les enfants et les adolescents en rupture avec leurs partenaires – famille, école, institution, semblables.
Il s’agit, dans ces laboratoires, de rencontrer l’autre, de prendre la parole pour une ouverture soutenante devant « ce qui peut apparaître de prime abord massifiant ou asphyxiant » pour chacun, comme le disait Nicolas Jeudy lors de son introduction à la soirée.
Mais au-delà du contenu enrichissant de la conversation, c’est l’énonciation de J. Dhéret qui a fait mouche pour tout un chacun et chacune ayant la chance d’être là. C’est ainsi grâce à sa simplicité et sa spontanéité que le lien a pu se tisser avec un public rassemblant aussi bien des professionnels travaillant en institution avec des enfants que le public fidélisé de l’atelier de lecture de l’antenne Montluçon-Moulins-Vichy et aussi avec ceux qui n’avaient pas hésité à faire le voyage depuis Clermont-Ferrand.
La conversation, en position assise pour tout le monde, au même niveau, sans estrade ni pupitre, s’est tout naturellement poursuivie debout tant chacun et chacune avait encore envie de poursuivre cette rencontre.
J. Dhéret, en franchissant le panneau de « Montluçon », aura, à n’en pas douter, contribué à ce que la psychanalyse s’inscrive avec enthousiasme dans cette cité du Bourbonnais.