L’autisme pour tous ?

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Samedi 23 mars 2024 à Issy-les-Moulineaux se tenait la troisième Journée du Centre d’Étude et de Recherche sur l’Autisme [1] sous le titre interrogatif : L’autisme pour tous ?

Durant cette journée, témoignages de parents, conférences théoriques et présentations cliniques se sont articulés, démontrant rigoureusement les effets soutenants, pour les enfants autistes, de la pratique orientée par la psychanalyse.

Cette journée fut une respiration, un pas de côté, faisant oublier un temps que pour la science, l’autisme est assimilé dans le tout-neuro, que l’enfant est réduit à son cerveau. [2]

Du discours scientifique, il ne fut question que de ce qui lui échappe, de ce qui dans la langue nous touche ! Pas de doctrine, de loi universelle appliquée à l’autisme ni de recherche d’une cause précise ; mais, suivant Jacques Lacan : matérialité sonore, singularité et contingence. [3]

Freud a abandonné le fonctionnement neuro pour concevoir de façon inédite l’appareil psychique. [4] Il s’agit pour les psychanalystes d’aujourd’hui, « héritiers de son œuvre » et de celle de Lacan, de maintenir le cap essentiel de l’inconscient et de la parole pour rendre compte de l’autisme avec la découverte freudienne.

Ainsi nous avons pu entendre que c’est dans l’accueil du langage — parfois insultes ou ritournelles — que la rencontre peut avoir lieu et qu’un certain travail opère. Ceci à la condition que le thérapeute ou le parent consente à s’en faire l’adresse, qu’il ait ce désir d’être destinataire de ces bribes de langage qui se répètent.

Dans son texte de 2018, « S’il y a la psychanalyse, alors… [5] », Jacques-Alain Miller noue ces signifiants, ces S1 qui se répètent, avec l’Un-corps, lalangue et l’écriture. C’est un texte qui oriente le travail auprès des autistes et qui rend hommage à Robert et Rosine Lefort, psychanalystes praticiens auprès des enfants. Il indique ceci : « Mais, au-delà, ils [Robert et Rosine Lefort] firent apercevoir qu’elle était peut-être la catégorie clinique fondamentale, que l’autisme était le statut natif du […] parlêtre ». L’autisme comme « statut natif du parlêtre » fut mis au travail et fera l’objet, à n’en pas douter, de nombreux écrits d’enseignement de cette journée.

Une journée d’étude, c’est aussi une préparation. De courts textes théoriques, véritables pépites, écrits de psychanalystes de notre champ peuvent encore se lire et s’étudier sur le site du CERA.

Références

Références
1 Le Centre d’études et de recherches sur l’autisme (CERA) est une création de l’École de la Cause freudienne (ECF) qui a pour vocation la recherche et l’enseignement sur l’accueil et l’accompagnement des sujets autistes, dans l’orientation psychanalytique.
2 Emmanuel Macron a annoncé en novembre dernier une nouvelle stratégie nationale pour les troubles du neuro-développement (TND) qui incluent à présent autisme, Dys, TDAH, TDI. Il est prévu l’ouverture d’un Institut du cerveau de l’enfant.
3 Cf. Ouverture de la journée par Anaëlle Lebovits-Quenehen, présidente de l’ECF.
4 Cf. Introduction au thème de la journée par Jérôme Lecaux, directeur du CERA.
5 Miller J.-A., « S’il y a la psychanalyse, alors… », L’Hebdo-blog, n° 129, 3 mars 2018, publication en ligne.

Christel Astier