« Les pauvres mots des hommes sont des ombres »

© Aurélie Boissinot

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Accueillir Dominique Corpelet à Brive, samedi 24 mai 2025, fut un plaisir partagé par plus de vingt-cinq participant(e)s. Pour appréhender la question du style, mise à l’étude dans la délégation Brive-Limoges-Tulle à partir d’un travail en cartels, il a choisi de le considérer comme le fruit unique d’un nouage des trois dimensions : réel, symbolique et imaginaire.

Il a appuyé sa démonstration de la présence d’un style dans la singularité d’une énonciation, en l’illustrant de ce dont témoigne l’expérience d’écriture chez Jorge Luis Borges.

Cet écrivain argentin, à la recherche d’une marque originelle, voulait trouver le mot qui contiendrait le réel. D. Corpelet note combien le style de Borges est marqué d’une tension entre l’efflorescence du multiple et l’unicité du Un, dynamique qu’il retrouve chez Lacan entre développement et réduction, logique et rhétorique.

Mais Borges, lui, est hanté par la dimension de l’origine de la voix et du langage. Son œuvre signe l’échec de son projet qui vise à saisir le réel de la voix et de la chose. Cette formule n’existe pas, car les mots des hommes ne sont que des ombres de la chose.

Une vive discussion a suivi sa formidable conférence, en interrogeant, par exemple, les origines paternelle et maternelle de la langue ou encore les prolongements rencontrés aujourd’hui dans l’étrange univocité langagière des process informatiques.

Gérard Darnaudguilhem

Gérard Darnaudguilhem