Samedi 1er avril 2023, la 4e journée d’étude de la FIPA, Fédération des Institutions de Psychanalyse Appliquée, a eu lieu à Marseille et en visioconférence, intitulée « Comment améliorer la position du sujet. Effets thérapeutiques, effets analytiques ».
Les professionnels ont témoigné de leur façon d’accueillir les sujets avec leur symptôme, sans chercher à le faire taire ou à l’éradiquer.
Lors d’un exposé, nous apprenons comment un ancien SDF a pu trouver un abri à Intervalle-Cap [1] pendant plusieurs années. Cette institution a continué à l’accueillir dans la mesure où les intervenants changent chaque week-end, lui permettant ainsi de supporter le transfert et qu’un traitement soit possible. Pour ce sujet, Lore Buchner, intervenante à Intervalle-Cap dit que cela a permis de : « border la jouissance pour lui rendre l’existence un peu plus vivable [2]».
Aurélie Boissinot [3], quant à elle, a témoigné du traitement d’une jeune fille pour qui il était question de se séparer de sa sœur jumelle, en prenant appui sur ce dispositif singulier en deux fois seize séances au Centre Psychanalytique de Consultations et de Traitement de Clermont-Ferrand.
Au fil des exposés, chaque professionnel a extrait ce qui a opéré comme acte dans le traitement des parlêtres rencontrés. Il ne s’agit pas seulement de repérer cet acte mais d’en extraire un point de logique clinique. Qu’est-ce que l’acte du professionnel a eu comme effet dans le traitement avec le sujet ? Certains professionnels évoquent alors leur acte manqué. Oublier les clés du bureau [4] par exemple, a permis à un adolescent « hors classe » d’être accueilli par un Autre « hors lieu », un Autre différent que celui qui l’a épinglé HPI. Un « bougé » a pu avoir lieu, il a pu accepter ainsi d’être écouté.
Il s’agit d’une clinique du détail, une clinique de l’humilité, une clinique de la trouvaille. « Améliorer la position du sujet » ne peut se produire sans soutenir les solutions trouvées par le sujet. À partir du transfert, par la parole, le sujet peut alors trouver un savoir y faire avec son symptôme. Agnès Bailly [5] du CLAP Paris, témoigne du fait que Paul, neuf ans, a pu, soutenu par le transfert à l’œuvre dans leurs rencontres, dire ce qui jusque-là était impossible à dire : il entendait des voix menaçantes et insultantes. Alors un effet de soulagement a pu se produire.
Loin d’une approche orientée par un discours scientiste ou comportementaliste, chacun des professionnels de ces institutions a témoigné d’une pratique de l’écoute, s’appuyant sur lalangue du sujet, repérant et manœuvrant avec les signifiants qu’il reçoit.
Il ressort de cette journée une évidence : dans les institutions de la FIPA, quels que soient les sujets accueillis – « parents exaspérés », « enfants terribles », enfants HPI, DYS, TDAH, sujets en errance — il ne s’agit pas de s’arrêter à ces signifiants du discours contemporain mais de proposer à ces parlêtres de trouver un abri par la parole, pour leur permettre de se décaler de ce qui les « épingle ».
Omaïra Meseguer [6] parlait d’un « bougeable ». Y a-t-il quelque chose de l’ordre d’un « bougeable » possible pour les sujets accueillis ?
En somme, un traitement dans les institutions de la FIPA permet aux sujets de resserrer ce qui fait question pour eux à un moment donné ou d’ouvrir sur un possible traitement plus long. Dans tous les cas, elles proposent un accueil du symptôme, du réel et de la jouissance auxquels tout un chacun a à faire.
Références
1 | Intervalle-Cap, Consultation et Accueils Psychanalytiques. Fondée à Paris en 2003. |
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2 | Séquence « S’alléger de l’Autre », 12h-13h, titre de l’exposé « Guérir le politiquement incorrect ». |
3 | Intervenante au CPCT de Clermont-Ferrand. Séquence « Ouverture du désir », 16h30-17h30, titre de l’exposé « Une histoire de cœur ». |
4 | Exposé de Júnia Couto, intervenante à ParADOxe à Paris, « Se rebrancher à l’Autre ». Séquence « Usages dusymptôme » 15h30-16h30. |
5 | Intervenante au CLAP (Consultation et Lieu d’Accueil Psychanalytique) de Paris. « Sous écoute ». Séquence « L’interprétation et ses suites », 14h30-15h30. |
6 | Omaïra Meseguer, est psychanalyste, directrice du Centre Psychanalytique de Consultations et de Traitement de Paris. Présidente de la séquence « S’alléger de l’Autre », 12h-13h. |