Valentine Dechambre a rencontré Martine Versel, psychanalyste, coordinatrice de l’ACF pour les Grandes Assises Virtuelles Internationales de l’AMP qui se dérouleront en visioconférence du 31 mars au 3 avril 2022.
Inscriptions ouvertes sur https://www.grandesassisesamp2022.com/produit/grandes-assises/
Q1 – Valentine Dechambre : Nous sommes à moins de quatre mois des Grandes Assises Virtuelles Internationales de l’AMP qui se tiendront sur le thème « La Femme n’existe pas ». Pourriez-vous nous préciser les enjeux de cet évènement et à qui il s’adresse ?
Martine Versel : Comme le rappelle Christiane Alberti, directrice des Grandes Assises Virtuelles Internationales de l’AMP, les femmes ont participé à l’invention de la psychanalyse. C’est Anna O. qui désigna par talking cure la levée du symptôme par l’action de la parole et la possibilité de la voie de l’inconscient. D’ailleurs, lire et mettre au travail le texte de Christiane Alberti que l’on peut trouver sur le site des Grandes Assises peut être précieux car il retrace, tout en finesse, les scansions majeures apportées par la psychanalyse sur la position féminine.
Pour répondre à votre question, il me semble que ce texte précise aussi les enjeux de cet évènement international qui rassemble toutes les Écoles de psychanalyse. Pour résumer ces enjeux, on pourrait dire que si les femmes peuvent à bien des égards être des hommes comme les autres, c’est par l’énigmatique question de Freud : « que veut une femme ? », puis par l’aphorisme de Lacan : « La femme n’existe pas », que le principe féminin dans sa dimension affine à l’insituable, a pu être envisagé. Lacan va aller au-delà du phallus en énonçant que la femme ne se définit pas par la clôture de l’ensemble. Il n’y a pas l’ensemble de toutes les femmes. Il y a des femmes, chacune différente.
L’enjeu de ces Grandes Assises est de mettre au travail, dit aussi Christiane Alberti, la question suivante : Que peut-on extraire aujourd’hui du principe féminin à une époque où les femmes ne sont plus inéluctablement silencieuses ? L’expérience des cures contemporaines apporteront à cet égard un éclairage crucial.
Le thème des Grandes Assises résonne avec une question civilisationnelle qui dépasse le champ des praticiens de la psychanalyse et s’adresse à tous ceux et toutes celles qui ont un désir d’apprendre du féminin à partir du discours analytique.
Les mouvements néo-féministes, la question du genre, la fluidité du genre qui défait le binôme homme/femme, la question des identités sexuelles et du choix d’objet sexuel entre pulsion et amour : autant de façons contemporaines qui déclinent des versions nouvelles qui permettent de répondre au non-rapport sexuel.
Questions qui intéressent à la fois les institutions, les chercheurs, étudiants en sciences humaines et sociales et en sciences du vivant tout autant que les psychanalystes. Cette liste n’est en rien exhaustive, le thème y concourt !
Q2 – Valentine Dechambre : Ces Grandes Assises se dérouleront sur quatre jours, en visioconférence. Si nous sommes devenus depuis début 2020 coutumiers de cette modalité de rencontre, comme c’est le cas par exemple pour les Journées de l’ECF, quatre jours en visioconférence … c’est une première ! et un pari ?
Martine Versel : Quatre jours dont on peut déjà découvrir l’originalité du tempo dans la présentation de la programmation virtuelle. Ce ne sont pas des Journées mais des temps de trois ou quatre heures pensés en fonction de l’adresse à un public mondialisé. Tous les continents pourront se connecter en même temps ! Mais surtout, ce seront des énonciations qui seront au rendez-vous : incarnation du corps parlant que le virtuel n’empêche pas.
Q3 – Valentine Dechambre : Le format atypique de ces Grandes Assises tient aussi à leur architecture originale, comme en témoigne leur présentation sur le site de l’AMP.
La grande conversation de l’AMP sur « La femme n’existe pas » n’a-t-elle pas d’ores et déjà commencé avec cette construction tout à fait inédite ?
Martine Versel : J’ai la chance d’être responsable de la coordination de l’ACF pour la préparation des Grandes Assises. Aussi, je peux témoigner combien les délégations ont d’ores et déjà saisi la dynamique de cet événement, l’intérêt de faire vivre la richesse de cette conversation avec l’AMP puisque nous pourrons entendre des psychanalystes de toutes les Écoles. D’autre part, on peut dès à présent entendre aussi que le thème « La femme n’existe pas » est une invitation de travail à l’époque de l’Autre qui n’existe pas. Quoi de plus stimulant !
Valentine Dechambre : Merci chère Martine pour votre éclairage précis, et invitation… à nous inscrire dès à présent à cet évènement de l’AMP !
Lire les arguments des Grandes Assises : https://www.grandesassisesamp2022.com/category/arguments/