Dans le cadre de la thématique de l’atelier de lecture de l’antenne d’Aurillac : « Le corps contemporain », une soirée était organisée le 14 février 2024, sous le titre : « Une génie des entrailles ».
En nous parlant de Charge [1], le livre publié par Treize, rappeuse et slameuse, Jérôme Moissinac a mis en évidence l’importance du corps pour ce sujet.
Elle a écrit ce recueil « au plus près de toutes les cellules de son corps» et y dévoile l’univers particulier de l’internement psychiatrique qui est « un pays à part ». Elle décrit également « la psychiatrisation du lien» où le sujet/objet, devient « un spot intéressant à visiter ».
L’écriture constitue un nouveau lien à l’autre. Treize écrit ce livre à partir de ses tripes. Elle veut être entendue, montrer aux autres « psychiatrisés» les rouages de l’enfer de l’internement et surtout comment pouvoir s’en sortir, sa colère vis-à-vis de certains traitements dont les effets ont été vécus dans sa chair avec une violence certaine.
L’écriture est devenue un exutoire et fait lien entre son corps, son vécu et son expérience. Elle l’a utilisée pour expulser sa douleur, pour déverser le trop-plein : « il faut que ça sorte parce que ça faitmal ».
Elle distingue au moins deux sortes d’écritures : une où elle ne se relisait pas, où elle expulsait la colère, et une autre qui est beaucoup plus récente, centrée sur l’adresse à l’autre à partir de sa propre expérience. C’est une écriture en lien avec sa nouvelle façon de dire.
Tout n’est pas pour autant réglé pour elle. Il y a encore des choses douloureuses.
Cette soirée a été très animée. La discussion a permis de pointer l’importance du corps dans le lien à l’autre. Nous avons évoqué, entre autres, la question de la psychiatrie et de son accueil des sujets dans notre monde contemporain qui voit croître les violences dans la cité. Cette référence à la criminalité a fait écho au cours de Francesca Biagi-Chai, « le crime à l’ombre du réel » qu’elle donne actuellement [2].
En avril, nous poursuivrons la lecture de ce livre lors du prochain atelier où Nicole Bonnet-Martinez interviendra sur la question de l’écriture.