Samedi 18 janvier, le groupe Nadia du CEREDA[1], les laboratoires du CIEN[2], « Tokonoma » et « De la filiation à l’affiliation », en partenariat avec l’ACF en MC ont invité Hélène Bonnaud[3] pour une journée préparatoire à la JIE8 [4] qui se déroulera le 22 mars 2025 à Issy-les-Moulineaux, avec pour thème, « Rêves et fantasmes chez l’enfant ».
Bien que la journée ait dû se dérouler en visioconférence suite à des problèmes logistiques, l’énonciation d’H. Bonnaud et ses apports ont marqué cette journée d’un éclat certain.
La matinée a été consacrée à la présentation de quatre cas cliniques élaborés dans les laboratoires du CIEN et le groupe Nadia : des textes d’une grande qualité que notre invitée a commentés avec beaucoup d’acuité et de finesse, transmettant une éthique et un amour de la clinique.
Dans la trame des situations présentées, un fil commun s’est dégagé, que la psychanalyste a rendu particulièrement sensible : la question délicate de l’être chez l’enfant et des conditions de sa naissance subjective.
Par exemple, elle appuiera combien la reconnaissance de son être chez une fillette délirante avait produit un effet d’apaisement : un « t’es-là » marquant une assomption du sujet comme « être là ».
Ce sont de tels moments qui, dira-t-elle, font « la beauté de la clinique ».
Ou encore ce garçon répétant sans cesse un jeu de cache-cache, que la praticienne scandait toujours par un « tu nous as manqué », H. Bonnaud ponctuera : « ça lui donne de l’être, il existe pour l’autre ».
Ou enfin dans le cas d’une petite fille non différenciée d’avec son frère, prise dans la confusion « fantasmatique » maternelle, elle dira : « Pour exister comme sujet il faut ce regard et l’attention de l’autre », soulignant ainsi la qualité de cet accompagnement.
Quant à la conférence qu’elle nous a donnée l’après-midi, puisqu’écrire c’est choisir, je prélèverai une phrase, qui n’est peut-être pas sans lien avec ce qui précède :
« Il faut que l’enfant produise un manque chez l’autre pour apercevoir son propre manque ».
Pour conclure sur une note qui marque aussi le style d’H. Bonnaud, léger et percutant, elle pointera chez une toute jeune fille sa recherche d’un savoir sur « la bonne façon de s’embrasser », ajoutant non sans humour que « ça n’avait pas beaucoup changé ! »
Olivia Audebert
[1] CEREDA : Centre d’Etude et de Recherche sur l’Enfant dans le Discours analytique.
[2] CIEN : Centre Interdisciplinaire sur l’Enfant du réseau international du Champ freudien.
[3] Hélène Bonnaud est psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association Mondiale de Psychanalyse.
[4] Huitième journée de l’Institut de l’Enfant.