Une journée préparatoire à la 7e Journée de l’Institut psychanalytique de l’Enfant [1] a eu lieu le samedi 26 novembre 2022 au local de l’Association de la Cause freudienne en Massif central à Clermont-Ferrand. Cette journée était organisée par le groupe Nadia [2] en y associant les laboratoires du CIEN Tokonoma et De la filiation à l’affiliation, et le Bureau de ville de l’ACF en MC.
La matinée clinique a permis d’écouter quatre professionnelles travaillant dans les secteurs pédiatrique, pédopsychiatrique et social, exposant chacune une vignette clinique extraite de leur pratique, ainsi que leurs élaborations.
J’y ai entendu l’attention portée à la singularité du sujet, à la prise en compte de son rapport à sa famille, à son entourage et à la considération des difficultés qu’il peut avoir avec. La manière dont l’enfant est parlé, ce qu’il peut en dire, tiennent un rôle prépondérant dans ce qui se joue pour lui.
Dans le texte de Mathilde Pagnat, c’est en étant attentif à qui dit quoi, à la manière singulière dont chacun s’apparente à la langue que ce qui agite un petit garçon de CE1 trouve à s’adresser et à s’apaiser.
Dans le texte de Fanny Laramade, c’est en accueillant la parole des parents – du père, de la mère -, en questionnant chaque énoncé, qu’un décalage peut se faire jour. Il ouvre une voie, pour la mère, afin d’entendre la singularité de son fils, elle qui est percutée par la rencontre de son propre corps avec celui de son fils.
Le texte présenté par Cathy Bernigaud pose la question de comment accueillir chaque famille dans ce qu’elle a de plus singulier. Il peut arriver que la famille prenne une dimension imaginaire et réelle.
C. Bernigaud, dans sa vignette clinique, témoigne d’un couple vivant dans la rue et pour qui cette rue représente leur famille. Cette « famille de la rue », ainsi qu’ils la nomment, n’a pas la valeur d’un nom propre, mais aurait pu l’avoir. Au début, ce couple se présente collé, fusionné. Dans la rencontre et le travail avec la clinicienne, un possible se fait jour : qu’il y ait « Monsieur de la rue » et « Madame de la rue », valant en tant que nomination.
Il peut aussi arriver que l’exaspération soit placée du côté du professionnel, comme en témoigne Coralie Autixier. Dans son texte clinique, elle fait part des obstacles qu’elle a rencontré dans sa pratique, jusqu’à entendre le rapport singulier du sujet à la langue. Il s’agit de favoriser une rencontre qui permette d’aller au plus près de la réalité du sujet. C’est en acceptant d’être intranquille, en se laissant guider, en faisant acte de présence, même dans les moments difficiles, que cette rencontre peut avoir lieu.
L’après-midi, Valeria Sommer-Dupont, psychanalyste membre de l’ECF et de l’AMP, l’invitée de cette journée, a donné une conférence « L’apparenté, à part entière ? » à propos de ces enfants qui sont en délicatesse avec leurs parents.
Pris dans les rets du langage, les enfants mettent la parenté en question, l’exaspère. C’est qu’au fondement de la famille, il y a la crise ! Et avec elle son lot de malentendus, d’idéal heurté, bousculé. Il y a aussi en question la valeur que peut revêtir l’enfant pour ses parents.
Autant d’éléments qui ont résonné avec les travaux de la matinée, apportant de riches éclairages. Ils nous ont ouvert des perspectives vers cette Journée de l’Institut psychanalytique de l’Enfant du 18 mars 2023 qui s’annonce passionnante.
Références