Extrait du Séminaire XV L’Acte psychanalytique

© Aurélie Boissinot

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Ce passage du Séminaire de Jacques Lacan, L’Acte psychanalytique, est un extrait de la partie intitulée, « La fin d’une analyse », chapitre VI, « Devenir déchet », intitulé ainsi par Jacques-Alain Miller qui a établi le texte du Séminaire. Cette partie sera présentée lors de la soirée d’étude du 16 décembre, sous la responsabilité de Jean-Robert Rabanel.

En parlant de l’acte psychanalytique, j’ai, si je puis dire, deux ambitions, une longue et une courte. Forcément, la courte est la meilleure. La longue, qui ne peut être écartée, c’est d’éclairer ce qu’il en est de l’acte. La courte, c’est de savoir en quoi l’acte est du psychanalyste.

J’ai déjà parlé du psychanalyste dans quelques écrits passés, j’ai dit que je ne partais que de ceci, qu’il y a du psychanalyste. La question de savoir s’il y a le psychanalyste n’est pas du tout non plus à mettre en suspens, il s’agit de savoir comment il y a un psychanalyste. C’est là une question qui se pose à peu près dans les mêmes termes que ce qu’on appelle en logique la question de l’existence.

L’acte psychanalytique, si c’est un acte, nous pose la question de l’articuler, de le dire, ce qui est légitime, et même, allant plus loin, de dire ce que l’acte implique de conséquences, pour autant que l’acte est lui-même, de sa propre dimension, un die. L’acte dit quelque chose. C’est de là que nous sommes partis dès l’année dernière.

Cette dimension est aperçue depuis toujours. Elle est présente dans le fait, dans l’expérience. Il suffit d’évoquer un instant des formules prégnantes, des formules qui ont agi, comme celle d’agir selon sa conscience, pour saisir ce dont il s’agit. Agir selon sa conscience, c’est bien là une espèce de point médium autour de quoi on peut dire qu’a tourné l’histoire de l’acte, ou que l’on peut prendre comme point de départ pour la centrer. Agir selon sa conscience, pourquoi et devant qui ?

La dimension de l’Autre, en tant que l’acte vient témoigner de quelque chose, n’est pas plus éliminable. Est-ce à dire que ce soit là le vrai tournant, le centre de gravité ? Pourrons-nous même un instant le soutenir d’où nous sommes, c’est-à-dire d’où la conscience comme telle est mise en question ? mise en question de la mesure qu’elle peut donner à quoi ? – assurément pas au savoir, à la vérité non plus.

C’est de là que nous repartons, en prenant la mesure de ce qui n’est point encore défini, de ce qui n’est point encore vraiment serré, de ce qui est ici seulement introduit, et non pas même supposé, l’acte psychanalytique. Il nous faut réinterroger le point d’équilibre autour de quoi gravite la question de ce qu’est l’acte [1].

Références

Références
1 Lacan J., Le Séminaire, livre XV, L’Acte psychanalytique, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil / Le Champ freudien, 2024, p. 105-106.

Jacques Lacan